Musée Bourdelle
Actualité

Réouverture du musée Bourdelle

Publié le 13 mars 2023

Le musée Bourdelle rouvre la totalité de ses espaces après d’importants travaux de sauvegarde et de consolidation de son bâtiment le plus ancien, situé au coeur du musée.

Atelier de sculptures d’Antoine Bourdelle, Photo Raphaël  Chipault

Atelier de sculptures d’Antoine Bourdelle, Photo © Raphaël Chipault

Engagée par la Ville de Paris et Paris Musées, cette rénovation opérée dans le respect du patrimoine architectural aura duré deux ans dont sept mois en fermeture totale du musée. Elle aura permis de restaurer l'atelier du sculpteur mais aussi de repenser complètement le parcours des collections, appuyé par une médiation innovante, et d’ouvrir un nouveau café-restaurant baptisé Le Rhodia, prénom de la fille de Bourdelle.

Dans l’aile Portzamparc, le musée accueille l’exposition inaugurale « Philippe Cognée. La peinture d’après. »

La rénovation du bâtiment

Vue de la façade du bâtiment abritant les ateliers, musée  Bourdelle, Paris photo Terra Luna /B. Fougeirol

Vue de la façade du bâtiment abritant les ateliers, musée Bourdelle, Paris photo © Terra Luna /B. Fougeirol

Depuis son inauguration en 1949, le musée Bourdelle se déploie autour des anciens ateliers du sculpteur Antoine Bourdelle (1861-1929), rares vestiges des cités d’artistes de Montparnasse à la fin du XIXe siècle. Lorsqu’en 1885 Antoine Bourdelle emménage au 16 de l’impasse du Maine, au milieu des jardins et des vignes, les ateliers d’artistes sont nombreux. Le sculpteur Aimé-Jules Dalou et le peintre Eugène Carrière comptent parmi ses voisins.

Construit en 1878, le premier bâtiment des ateliers à structure en pan de bois n’était pas conçu pour durer et présentait des signes de faiblesse structurelle : la structure devait être consolidée et la charge au sol de l’étage augmentée pour en permettre l’accès en toute sécurité. Ces travaux ont ainsi permis d’ouvrir au public un nouvel espace, aménagé en café-restaurant afin de compléter l’offre du musée. Par ailleurs, il fallait assurer l’étanchéité du clos et du couvert et améliorer la performance thermique du bâtiment. Ces travaux ont offert l’opportunité de renouveler une partie considérable du parcours muséographique dans le bâtiment et dans les espaces attenants.

Enjeux et caractéristiques des interventions

L’ensemble des marqueurs architecturaux et des éléments historiques, témoins de l’époque d’Antoine Bourdelle, ont été soigneusement conservés : respect du mode constructif de type atelier d’artiste, préservation de l’atelier de sculpture et de la façade nord avec ses hautes verrières.

Les solutions techniques apportées ont permis de conforter les fondations du bâtiment ancien par le comblement des carrières et la consolidation des assises, de renforcer la structure par la création d’une cage en profilés métalliques, de traiter les remontées d’humidité et d’améliorer l’isolation : combles, plancher, remplacement des verrières en toiture. La toiture a été restaurée et un chauffage par centrale de traitement d’air alimenté par la CPCU (chauffage urbain) installé.

L'atelier de sculpture

Occupé depuis 1885 par Antoine Bourdelle, l’emblématique atelier de sculpture a été sanctuarisé à sa mort en 1929 par son épouse Cléopâtre, jusqu'à sa donation à la Ville de Paris en 1947. À l’ouverture du musée en 1949, les œuvres et objets de Bourdelle ont été disposés afin d’accueillir le public, dans un aménagement fidèle à l’esprit de celui du sculpteur. Les photographies d’archives ont permis de conforter cette logique, notamment par la réinstallation du Christ médiéval en bois sur la mezzanine. Les textiles en toile de jute installés dans la seconde moitié du XXe siècle ont été remplacés par de nouveaux, davantage conformes aux documents d’époque.

Les visiteurs retrouvent intacte la poésie singulière de ce lieu de mémoire unique. Les murs, lambris et parquets fortement dégradés par l’humidité et les nuisibles ont fait l’objet d’une restauration à titre conservatoire. Les espaces en rez-de-chaussée autour du jardin intérieur ont été entièrement repensés, avec une nouvelle scénographie de l’Atelier de l’Île et Ciel architectes.

La nouvelle salle des techniques

Attenante à l’atelier de sculpture, la foisonnante salle des techniques propose désormais sur 60 m² aux publics de tous âges, une offre de dispositifs autour du processus de fabrication des œuvres et des métiers de l’atelier. Un vaste mur des manipulations mêle œuvres originales à toucher, matériaux, dispositifs ludiques, sonores et numériques. Un coin salon composé de trois postes dotés d’écrans permet d’approfondir ses connaissances par des films et une nouvelle offre de jeux et modules interactifs.

La refonte du parcours des collections

Antoine Bourdelle, Apollon au combat 1909 Bronze, fonte Alexis Rudier, vers 1930 Paris, musée Bourdelle. Stéphane Piera

Antoine Bourdelle (1861-1929), Apollon au combat 1909 Bronze, fonte Alexis Rudier, vers 1930 Paris, musée Bourdelle. © Stéphane Piera / Musée Bourdelle / Paris Musées

Densifié, le nouveau parcours des collections présente sous un angle chrono-thématique l’œuvre de Bourdelle. L’accent est porté sur une mise en contexte, en particulier par des œuvres de ses contemporains et élèves, issues des collections du musée Bourdelle (Auguste Rodin, Jean Arp) ou nouveaux dépôts, généreusement consentis par des institutions (Musée national d’art moderne, Petit Palais, musée Zadkine, Fondation Giacometti) et collections particulières (Mme Sylvie Martin-Raget pour deux œuvres de Germaine Richier).

Témoin du processus d’élaboration, le riche fonds de dessins et photographies de Bourdelle est valorisé grâce à des contretypes photographiques et reproductions au mur. Les documents d’archives et photographies documentaires sont également exploités dans divers dispositifs de médiation – trois écrans autour de la vie de Bourdelle ainsi que deux murs de photographies et documents d’archives.

Le parcours s’ouvre avec une présentation du parcours de Bourdelle et le développement d’une première thématique, « Aux combattants », autour du monument aux morts de Montauban. Suivent diverses thématiques : « Du symbolisme à l’Art nouveau », « Devant Beethoven », « Apollon », « Héraklès », « Pénélope », « Le Théâtre des ChampsÉlysées ». Une dernière salle intitulée « Transmission » aborde la question de l’enseignement.

Une offre de médiation repensée

Antoine Bourdelle, Pénélope avec socle. Stéphane Piera

Antoine Bourdelle(1861-1929). Pénélope avec socle. Plâtre. 1905-1912 Paris, musée Bourdelle. Crédit photographique : © Stéphane Piera / Musée Bourdelle / Paris Musées

La nouvelle présentation met l’accent sur la médiation. Les panneaux de salle et nombreux cartels développés sont complétés par des dispositifs numériques. L’accessibilité des contenus au public le plus large est assurée par un parcours de 13 cartels illustrés et un écran relatant sous forme d’animation les grandes étapes de la vie de Bourdelle. Enfin, une application de visite mobile a été créée, afin d’offrir des contenus complémentaires à travers plusieurs parcours : chefs-d’œuvre, parcours intégral, parcours ludique, atelier de sculpture, atelier de peinture, architecture et jardins. Tous ces outils de médiations sont accessibles aux visiteurs anglophones.

La refonte du parcours s’accompagne d’un nouveau guide des collections, disponible en français et en anglais.

Un nouveau café-restaurant

La consolidation du premier bâtiment des ateliers a permis d’installer un café-restaurant dans l’ancien appartement de la fille de Bourdelle, Rhodia, et de son époux le décorateur Michel Dufet (1888-1985). Tirant parti d’un espace contraint, Dufet mit à profit son expertise en matière d’aménagement de bateaux. Il dissimule la partie privée, en mezzanine, derrière une grande cloison de bois percée d’une tribune et d’un hublot qui constitue désormais le décor de la salle du restaurant peinte d’un jaune lumineux. Pour le décor, Dufet avait aussi choisi de rendre hommage à Bourdelle par des appliques à structure métallique recouvertes de reproductions de projets dessinés par le sculpteur pour le Théâtre des Champs-Élysées, aujourd’hui refaites à l’identique.

Le cabinet SAME architecte a respecté l’esprit du décor de Dufet en associant des pièces créées pour le lieu, en particulier les deux grandes tables en céramique et bois, à des pièces contemporaines comme la suspension de Céline Wright et du mobilier chiné des années 1950- 1960 – chaises d’Olavi Hänninen et Pierre Gautier Delahaye, petite bibliothèque de Pierre Cruège.

La concession du nouveau café-restaurant est confiée à Jean-René Chassignol, le fondateur des restaurants ISANA et son équipe.

Exposition inaugurale

Philippe Cognée (1957), LE CATALOGUE DE BÂLE (2013-2015) // Environ 1000 pièces, huile sur papier marouflée sur aluminium, [29,7 x 21 cm chacune] // [D’après Antoine Bourdelle] // Courtesy de l’artiste et Templon, Paris-Bruxelles-New York // © Philippe Cognée, ADAGP, Paris 2023

Philippe Cognée (1957), LE CATALOGUE DE BÂLE (2013-2015) // Environ 1000 pièces, huile sur papier marouflée sur aluminium, [29,7 x 21 cm chacune] // [D’après Antoine Bourdelle] // Courtesy de l’artiste et Templon, Paris-Bruxelles-New York // © Philippe Cognée, ADAGP, Paris 2023

À l’occasion de sa réouverture le 15 mars 2023, le musée Bourdelle consacre à Philippe Cognée (né en 1957) sa plus importante rétrospective à Paris. Déployée dans la spacieuse aile minimaliste du musée, conçue par Christian de Portzamparc, l’exposition « Philippe Cognée. La peinture d’après » présente un ensemble vertigineux d’un millier de pièces de l’artiste, Le Catalogue de Bâle. Peintre, mais aussi sculpteur, Cognée dialogue avec ses pairs, parmi lesquels Antoine Bourdelle, figure tutélaire assumée.

Réalisé entre 2013 et 2015, cet ensemble est constitué d’un millier d’œuvres élaborées selon un même protocole : l’artiste, après avoir déchiré des pages issues des catalogues d’Art Basel, peint une copie de et sur la reproduction d’une œuvre – signée Jeff Koons, Pablo Picasso ou Alberto Giacometti ou d’un artiste moins célèbre, voire oublié. Cette repeinture, qui épouse le format exact de la reproduction photographique qu’elle vient recouvrir, conjoint donc, dans un même geste, dans un même mouvement, une disparition et une apparition. Contrecollées sur aluminium, ces œuvres sont présentées les unes à côté des autres au coeur d’un long labyrinthe, formant une longue frise hypnotique. Pareilles à des photogrammes, elles dessinent un long plan séquence ou un travelling. La peinture apparait ainsi comme un fil rouge, ou un fil d’Ariane…