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Qui est Zoe Leonard, la photographe actuellement exposée au MAM ?

Publié le 2 janvier 2023

Méconnue en France, l’Américaine Zoe Leonard (née en 1961) est une photographe et plasticienne d’importance, mais aussi une célèbre militante féministe. Bonne nouvelle : le musée d’Art moderne de la Ville de Paris propose de la découvrir à travers près de 300 images d’une même série, exposées du 15 octobre 2022 au 29 janvier 2023. Mais alors, qui est-elle, et quelle place occupe ce grand projet dans sa carrière ? Réponse en 5 dates marquantes. 

Zoe Leonard, Al río/to the River, 2016-2022

Zoe Leonard, Al río/to the River, 2016-2022, Courtesy de l’artiste, Galerie Gisela Capitain, Cologne, et Hauser & Wirth, New York. La production de l’oeuvre a bénéficié du soutien du Mudam Luxembourg – Musée d’ Art Moderne Grand-Duc Jean, de la Graham Foundation for Advanced Studies in the Fine Arts, de la John Simon Guggenheim Memorial Foundation, de la galerie Gisela Capitain, Cologne, et de Hauser & Wirth, New York

1961

Zoe Leonard naît en 1961 à Liberty, dans l’État de New York aux États-Unis. Elle arrête ses études tôt, à l’adolescence, et pénètre le milieu underground new-yorkais où elle multiplie les rencontres, par exemple avec Jean-Michel Basquiat (1960-1988). Elle saisit des vues urbaines, des nuages vus depuis un avion, des chemins de fer… La jeune artiste porte rapidement une grande attention au hors-cadre, comme à la matière de ses tirages, où elle laisse volontiers apparaître des indices du processus de développement ou des imperfections ; tout au long de sa vie, elle travaillera le plus souvent à l’argentique, en noir et blanc, et en séries.

Les années 80 sont aussi celles du sida, dévastateur. Elle perd beaucoup d’amis, s’engage et milite au sein de groupes lesbiens et au sein de l’association de lutte contre le VIH Act Up. Indissociables, ces deux pans de sa personnalité se nourrissent, ses photographies se penchant volontiers sur les conventions sociales qui contraignent les femmes et les personnes queer.

1992

En 1992, elle participe à la Documenta 9, importante manifestation artistique allemande, et marque les esprits avec sa première grande installation. Zoe Leonard s’empare de la Neue Galerie, décroche les toiles où ne figure aucune femme, laisse celles où elles occupent un rôle important, et accroche des photographies noir et banc de vulves de ses amies. Profondément féministe, sa démarche interroge les normes du regard hétérosexuel et de ce qui est montré, ou non, dans les grands musées européens.

1992 - 1997

De 1992 à 1997, Zoe Leonard compose l’œuvre Strange Fruit (for David) pour son ami mort du sida David Wojnarowicz (1954-1992), lui aussi artiste. Elle en présente une première étape dans son atelier en 1995 : sur le sol, des centaines de peaux de fruits séchées, qu’elle a recousues avec du fil. L’installation, conservée aujourd’hui au Philadelphia Museum of Art, est un manifeste déchirant contre le manque d’attention porté aux morts et aux malades du sida durant les années 1980 et 1990.
Périssable et vulnérable, Strange Fruit (for David) parle du processus de deuil, le temps très long de sa production lui ayant permis, dit-elle, de traverser cette perte et son chagrin. Le titre reprend la chanson écrite par Abel Meeropol et enregistrée par Billie Holiday en 1939 contre le lynchage des Africains-Américains.

1998 - 2009

En parallèle de différents travaux sculpturaux et éditoriaux, Zoe Leonard photographie de 1998 à 2009 des commerces new-yorkais pour son grand projet Analogue. Elle part d’un inventaire des boutiques de son quartier (coiffeurs, cafés, réparateurs…), qu’elle immortalise avant qu’elles ne disparaissent au profit de la gentrification qui transforme New York, pour finalement construire une réflexion en images sur la circulation des produits manufacturés. Son arme ? Un appareil Rolleiflex analogique de format 6 x 6, aussi rétro que le numérique est d’actualité en ce début des années 2000…

2016 - 2022

Le Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris se concentre pour cette exposition sur Al río / To the River, un projet très politique débuté en 2016 autour du fleuve Rio Grande (son nom aux États-Unis) ou Río Bravo (au Mexique). Ce fleuve est l’un des plus grands des États-Unis, puisqu’il fait 3000 kilomètres : Zoe Leonard l’a photographié tout au long des 2000 kilomètres qui marquent aujourd’hui la frontière entre les États-Unis et le Mexique.
Elle présente ici près de 300 des 500 images de sa série. Voulant mettre en évidence les phénomènes de domination qui hantent ces paysages – très surveillés par l’administration américaine – et violentent les personnes qui les traversent, elle explique : « La nature changeante du fleuve – qui déborde périodiquement, change de cours et creuse de nouveaux canaux – est en contradiction avec la fonction politique qu’on lui demande d’accomplir. » Les installations de ses œuvres sont variées, mêlent paysages puis images de surveillance, photographies abstraites et documentaires, et disent encore une fois l’engagement qui habite sa pratique de la photographie.

Zoe Leonard, Al río/to the River, 2016-2022

Zoe Leonard, Al río/to the River, 2016-2022, Courtesy de l’artiste, Galerie Gisela Capitain, Cologne, et Hauser & Wirth, New York. La production de l’oeuvre a bénéficié du soutien du Mudam Luxembourg – Musée d’ Art Moderne Grand-Duc Jean, de la Graham Foundation for Advanced Studies in the Fine Arts, de la John Simon Guggenheim Memorial Foundation, de la galerie Gisela Capitain, Cologne, et de Hauser & Wirth, New York

Zoe Leonard Photographie de la série Al Rio To the River

Zoe Leonard, Al río/to the River, 2016-2022, Courtesy de l’artiste, Galerie Gisela Capitain, Cologne, et Hauser & Wirth, New York. La production de l’oeuvre a bénéficié du soutien du Mudam Luxembourg – Musée d’Art Moderne Grand-Duc Jean, de la Graham Foundation for Advanced Studies in the Fine Arts, de la John Simon Guggenheim Memorial Foundation, de la galerie Gisela Capitain, Cologne, et de Hauser & Wirth, New York

Zoe Leonard, Al río/to the River, 2016-2022

Zoe Leonard, Al río/to the River, 2016-2022, Courtesy de l’artiste, Galerie Gisela Capitain, Cologne, et Hauser & Wirth, New York. La production de l’oeuvre a bénéficié du soutien du Mudam Luxembourg – Musée d’ Art Moderne Grand-Duc Jean, de la Graham Foundation for Advanced Studies in the Fine Arts, de la John Simon Guggenheim Memorial Foundation, de la galerie Gisela Capitain, Cologne, et de Hauser & Wirth, New York

Zoe Leonard, Al río/to the River, 2016-2022

Zoe Leonard, Al río/to the River, 2016-2022, Courtesy de l’artiste, Galerie Gisela Capitain, Cologne, et Hauser & Wirth, New York. La production de l’oeuvre a bénéficié du soutien du Mudam Luxembourg – Musée d’ Art Moderne Grand-Duc Jean, de la Graham Foundation for Advanced Studies in the Fine Arts, de la John Simon Guggenheim Memorial Foundation, de la galerie Gisela Capitain, Cologne, et de Hauser & Wirth, New York

Informations pratiques

Zoe Leonard. Al río/to the River

Exposition présentée jusqu'au 29 janvier 2023 Musée d'Art Moderne de Paris
11 avenue du Président Wilson, 75116 Paris

www.mam.paris.fr

Réservation conseillée sur notre billetterie en ligne