Back Side
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5 bonnes raisons d’aller voir Back Side au musée Bourdelle

Publié le 20 August 2019

Le musée Bourdelle accueille l’exposition de mode Back Side du 5 juillet au 17 novembre 2019 : défiant la fascination contemporaine pour le visage, celle-ci se concentre sur le dos, caché, mis en valeur ou bardé de messages.

À force de selfies, on oublierait presque le reste du corps. Pourtant, le dos, rappelle l’exposition Back Side/Dos à la mode, est primordial dans notre rapport au monde. il est ce qui porte, fort et fragile à la fois, ce qui s’orne de dentelles, ce qui se dévoile au regard amoureux…

Pensée hors-les-murs par le Palais Galliera (actuellement en travaux), l’exposition du musée Bourdelle fait défiler une centaine de tenues – datant du XVIIIème siècle à nos jours – aux côtés de photographies, de films mis en parallèle avec les sculptures d’Antoine Bourdelle.

Une épopée étonnante, atypique et passionnante ! La preuve en 5 bonnes raisons d’y courir.

 

Parce que le dos offre un nouveau point de vue...

Back Side

Menant aux salles de l’exposition Back Side/Dos à la mode, un long couloir est orné, du sol au plafond, de centaines de photographies prises lors de défilés de mode récents.

Avec un constat : le cadrage est toujours le même, placé exactement en face des mannequins. Autrement dit, la vision la plus répandue de la mode est aussi la plus tronquée, tout un pan des silhouettes étant occulté.

Et pourtant : comme contre-point immédiat, la célèbre robe au dos entièrement dénudé de Guy Laroche, portée par Mireille Darc dans le film Le Grand Blond avec une chaussure noire (réalisé par Yves Robert en 1972), témoigne de l’importance esthétique de cette partie du corps, notamment dans le cœur des couturiers. Plus loin, des sculptures placées de dos font découvrir un point de vue jamais adopté dans les musées.

 

Parce que le dos révèle son importance sociale

Exposition Back Side (c) Paris Musées

Un superbe exemple de traîne historique attire ensuite le regard. Réservée aux personnes d’importance depuis son invention au XIIIème siècle, celle-ci incarne un élément-clé pour comprendre l’aspect politique et symbolique du dos.

Elle peut en effet mesurer entre trois – pour une duchesse – et quatorze mètres de long – pour une reine de France ! La traîne protège des importuns qui ne peuvent s’approcher trop près. Surtout, elle offre un espace démesuré aux couturiers, qui comblent de broderies et de détails les mètres de tissu.

Une robe de mariée de Maggy Rouff montre également la sacralité toute cérémonielle apportée par une traîne. Volontiers détournée par les créateurs contemporains, elle se découvre également transfigurée dans une étonnante robe trench-coat signée Jean-Paul Gaultier, et dans les volumes sculpturaux d’une tenue de Yohji Yamamoto.

 

Parce que le dos est sexy

Back Side 2

Interdit de tourner le dos au public : au théâtre, cette règle suprême a été défiée par Trisha Brown dans son solo "If You Couldn’t See Me" (1994). Un extrait montre la danseuse exécuter toute une série de mouvements sans jamais se montrer de face. Quelle audace !

Le dos peut donc se montrer provocant : c’est pourquoi il est contenu dans une camisole de force lorsque l’individu est menaçant (deux sont présentées dans l’exposition), ou lacé de bas en haut pour contenir le corps des femmes (dont on entrave la liberté puisqu’une robe se fermant dans le dos nécessite obligatoirement une aide).

Gaultier, encore lui, a conçu un corset extravagant (puisqu’englobant la tête) lié par un lacet de plus de huit mètres de long ! 

Pour assister à des mariages inédits

Back Side 3

Le thème étant large, l’exposition montre aussi bien d’élégantes tenues d’Yves Saint-Laurent que des robes exubérantes de Thierry Mugler (qui a ajouté des ailes à l’une d’entre elles !) ou des vestes de la grande distribution.

Parmi les objets les plus étonnants, la veste Zara portant l’inscription « I really don’t care, do u? » portée par la première dame américaine Melania Trump lors d’une visite à… des enfants sans papiers. Une façon de rappeler l’importance politique que revêt le dos, qui affirme bien souvent des messages – tels les vestes de soldats, ou les t-shirts photographiés tout autour du monde par Susan Barnett. Melting-pot garanti !

 

Pour entendre parler les créateurs de mode

Back Side

Pour faire parler les robes et les vestes, quelques phrases savoureuses de créateurs sont citées. Du délicat créateur Yohji Yamamoto, on apprend que « là, près des clavicules, c’est ce qui va décider de l’émotion d’un vêtement. »

Plus osé, le photographe Jeanloup Sieff confie que les fesses sont « la partie du corps la plus émouvante, faite de rondeurs et de promesses ; c’est elle qui se souvient, qui est tourné vers le passé alors nous allons inexorablement de l’avant. » Pas mal !

Et quand Martin Margiela avoue qu’« habiller le dos, c’est l’épreuve ultime », on comprend mieux le tour de force d’un beau dos nu. Chapeau bas.

 

En savoir plus sur l'exposition

Back Side / Dos à la mode
Jusqu'au 17 novembre 2019 au musée Bourdelle
18 Rue Antoine Bourdelle, 75015 Paris